Du 11 décembre 2018 au 17 mars 2019 s’invite au Petit Palais l’œuvre de l’artiste belge Fernand Khnopff, surnommé le maître de l’énigme, en raison de ses peintures symboliques et fantaisistes, bien souvent mystérieuses. Il s’agit de la première rétrospective consacrée à l’artiste depuis plus de quarante ans.
Fernand Khnopff, un artiste méconnu
Fernand Khnopff est né en 1858 à Grembergen en Belgique, au sein d’une famille aisée. La ville de médiévale Bruges, dans laquelle il vit quelques années avec ses frères et sœurs et ses parents, le marque : on la retrouve dans plusieurs de ses œuvres. Après une année infructueuse passée à étudier le droit à l’Université libre de Bruxelles, Fernand Khnopff part étudier l’art et la littérature à l’Académie royale des beaux-arts. Chaque été durant ses années d’études il se rendra à Paris pour y rencontrer d’autres artistes. Lors de l’exposition universelle de 1878, il y découvre les peintures du préraphaélite Edward Burne-Jones, ainsi que les œuvres symbolistes de Gustave Moreau, qui auront tous les deux un impact majeur sur sa carrière artistique.
En 1882, il commence à exposer ses peintures en Belgique, dont beaucoup sont inspirées de son amour pour la littérature, et des écrits de Gustave Flaubert, qu’il admire. Rapidement, il gagne le soutien du poète Émile Verhaeren, qui le présente aux écrivains et aux poètes de La Jeune Belgique, la revue littéraire d’avant-garde bruxelloise. L’année suivante, Fernand Khnopff fonde Les Vingt, un mouvement artistique d’avant-garde, qui sera le socle de son envol au sein de la bonne société belge. Il devient rapidement le portraitiste de l’élite bruxelloise. Utilisant sa sœur Marguerite comme modèle, il commence à faire figurer dans ses compositions un travail appuyé sur le corps féminin, travail qui prendra son essor dans ses œuvres les plus célèbres, teintées d’une grande sensualité. Il collabore ensuite régulièrement avec le Théâtre Royal de la Monnaie, l’opéra de Bruxelles, où il conçoit des costumes, des décors et des décors pour de nombreuses productions. Il décore les intérieurs de bâtiments emblématiques de Bruxelles comme la Stoclet House et l’Hôtel de Ville.
Les œuvres qu’il produit au début des années 1900 sont sans nul doute inspirées par les premiers écrits de Freud sur la psychanalyse. L’interprétation du rêve, ouvrage fondateur du père de la psychanalyse, publié en 1898, révolutionne la pensée de cette Europe de fin de siècle et l’on retrouvera de nombreux thèmes chez les symbolistes contemporains de Fernand Khnopff tels que Gustav Klimt à Vienne, de voluptueuses figures féminines, de nombreuses références à la mythologie grecque, une atmosphère de rêve déboussolant.
Au début des années 1910, il expose dans toute l’Europe avec beaucoup de succès.
Fernand Khnopff, ses oeuvres
Paysages et portraits
Khnopff peint Bruges, Bruxelles, mais le plus célèbre de ses paysages est Fosset, la représentation de l’humble hameau des Ardennes belges où Fernand Khnopff passe plusieurs étés en famille. Dans ses portraits, Khnopff représente l’élite bruxelloise, mais aussi sa mère, des enfants qu’il dépeint avec sérieux, parfois des hommes. Mais principalement des figures féminines comme sa sœur Marguerite, son modèle et sa muse.
Les femmes nues et l’onirisme
Comme ses contemporains, Khnopff est fasciné par la mythologie. Hypnos, le dieu du Sommeil est l’objet de nombreuses de ses peintures. En 1896, il peint Des Caresses (Le Sphinx), son œuvre la plus connue. Une variation sur Œdipe et le Sphinx de Moreau, elle représente un léopard humain hybride niché à côté d’un Sphinx androgyne.
À l’instar de bien de ses contemporains, Khnopff va tomber dans l’oubli après sa mort en 1921. Il faudra attendre les années 1970 voir un regain d’intérêt pour ses œuvres.
C’est donc la première fois en quarante ans que les Parisiens auront la chance d’admirer les œuvres de Fernand Khnopff dans leur ville.
Fernand Khnopff, Le maître de l’énigme, du 10 décembre 2018 au 17 mars 2019 au Petit Palais, Paris.
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