DAU Paris

DAU à Paris : le projet OVNI qui secoue la capitale

L’expo qui fait du bruit en ce moment, vous en avez sûrement déjà entendu parler, c’est le projet DAU à Paris. DAU est une performance inédite qui plonge ses visiteurs dans l’union soviétique d’avant-guerre, une expérience immersive et déroutante pour la plupart des visiteurs. Cette reconstitution glaçante et plus vraie que nature crée la polémique dans toute la capitale.

 

DAU à Paris : du film à l’expérience multi-sensorielle

 

Il est difficile de qualifier DAU, tant le projet est vaste et protéiforme. Ilya Khrzhanovsky, qui en est l’auteur, est un réalisateur ukrainien de 43 ans. Sa première ambition était de réaliser un biopic sur le prix Nobel de physique russe, Lev Landau, d’où le projet tire son nom. L’œuvre s’est finalement transformée en une tentative de reconstituer l’ère soviétique de 1938 à 1968 dans un institut de physique quantique ukrainien.

 

Ilya Khrzhanovsky aura passé 10 ans à donner vie à cette expérience. En 2009, il a invité 400 personnes à retourner dans le passé pendant 3 ans, dans un institut de recherche russe en Ukraine. Pour que vous puissiez voir le projet DAU à Paris, les participants ont vécu trois décennies en accéléré à la façon soviétique. Tout se passe bien avant la chute de l’URSS. Il n’y a pas de scénario et pas d’acteur. Le réalisateur a engagé des personnes venant d’horizons très différents qui ont chacun joué leur propre métier : artiste, prêtre, chamane, serveur, policier ou encore philosophes se sont prêtés au jeu.

 

De ce tournage, 700 heures de film, 13 longs-métrages et 5,5 millions de photos ont été tirés. Pour la première mondiale, ils sont présentés dans trois lieux à Paris : le théâtre du Châtelet, le théâtre de la Ville, et le centre Pompidou. Vous avez jusqu’au 17 février pour voir DAU à Paris.

DAU Paris

 

Une expérience immersive hors du commun

 

Le projet DAU cherche à déstabiliser ses visiteurs, et y arrive. En totale immersion pendant plusieurs heures, certains en ressortent un peu déboussolés. Sur place, les visiteurs pourront voir des installations immersives recréant des scènes de la vie quotidienne avec des reproductions de cire très réalistes, participer à des rencontres avec des sages ou des chamanes, voir des conférences scientifiques ou théologiques, ou assister à divers happenings.

 

La reconstitution est multi-sensorielle et évolue en permanence et en fonction des visiteurs. En visitant les pièces du DAU à Paris, on rentre dans l’intimité et le quotidien des Soviétiques. L’on découvre tour à tour des figures inanimées ou bien de vraies personnes russophones. Les expressions des mannequins et des acteurs laissent deviner la pesanteur de vivre sous ce régime totalitaire. Au fur et à mesure de l’exposition, les visiteurs du projet DAU à Paris pourront découvrir des performances, des œuvres musicales, un récital de piano ou épier une discussion d’un couple ukrainien. Au centre Pompidou, vous pourrez observer à travers des vitres sans teint des physiciens renommés ayant vécu au fameux institut ukrainien. Les films sont projetés soit dans les cabines, soit sur grand écran. Incompréhensibles pour certains, ils laissent une impression durable sur d’autres spectateurs. Une expérience ambivalente mais qui ne laisse personne de marbre.

 

L’exposition DAU à Paris se déroule dans des théâtres en travaux, ce qui permet aux spectateurs de passer derrière les décors. Rien que cette balade dans les entrailles d’un théâtre vaut le détour. De nombreuses personnalités ont participé au projet pour les voix-off comme Gérard Depardieu, Isabelle Adjani, Isabelle Huppert, Willem Dafoe, Monica Bellucci, Hannah Schygulla, et bien d’autres. Et pour finir, les trois lieux de ce projet titanesque et démesuré sont reliés la nuit par une sculpture lumineuse dans le ciel : le Triangle Rouge. Un clin d’œil à l’avant-garde russe du début du XXème siècle.

 

 

Les controverses autour de DAU

 

Le projet DAU à Paris a suscité beaucoup de réactions, et pas toujours des bonnes. La première ne s’est pas bien passée. L’ouverture avait été retardée à cause de problèmes de sécurité, l’organisation laissait à désirer et beaucoup de visiteurs sont repartis déçus. Mais, dorénavant, il semble que le projet se déroule sans encombre majeure. Néanmoins, DAU dérange pour d’autres raisons. En regardant les images tournées, l’on peut voir des scènes assez crues, voire cruelles entre les participants. L’on se demande alors jusqu’où est-il possible d’aller pour l’art. Mêlant fiction et documentaire, les visiteurs du DAU à Paris sont parfois décontenancés. Les films questionnent la nature même de l’homme avec des histoires d’amour, de sexe et de violence, et met le spectateur dans une position inconfortable. Pas acteur mais voyeur, il peut choisir quel passage il veut visionner. Les extraits sont passés dans de petites cabines où l’on voit les différents films juxtaposés sur un écran comme si nous étions dans la backroom d’une production de télé-réalité. Le projet aborde également beaucoup de thèmes différents : la religion, le genre ou la fidélité sur fond de totalitarisme.

 

L’accès à l’expérience DAU à Paris se fait par l’obtention d’un visa. Le moins cher coûte 35 euros et vous permet de pénétrer dans ce monde étrange et anachronique pendant six heures. Vous pouvez également obtenir un visa de 24h ou illimité dans le temps. Ceux qui souhaitent se procurer les deux derniers devront être soumis à un entretien psychologique qui influera sur leur parcours car l’expérience s’adapte à leurs réponses. DAU exploite-t-il donc ces données ? La question se pose. « L’expérience continue ! » est-il écrit au mur. Le projet se nourrit-il des informations de ses visiteurs pour grossir indéfiniment ? Le fait que Phenomenon Films, la société de production de DAU ait travaillé avec Cambridge Analytics pour gérer les données des visiteurs ne rassure pas. C’est la même société qui était mêlée au scandale de l’exploitation des données des utilisateurs Facebook.

DAU Paris

 

Verdict : Faut-il aller voir DAU ou pas ?

 

Les problèmes éthiques soulevés par les controverses autour du projet DAU à Paris, ne l’empêchent pas de faire résonner quelque chose de fort chez les visiteurs. Il nous plonge dans une ambiance et une époque différente, souvent pesante et obscure. On se projette et ressent ce que les personnes de cette époque ont pu ressentir. Pour une catégorie de visiteurs, l’expérience serait-elle trop forte, ou trop fidèle à la réalité ? Le prix peut également dissuader. Il faut réellement y passer plusieurs heures pour s’immerger dans ce monde parallèle. Finalement, il est préférable que vous vous fassiez votre propre avis car chaque visiteur y vit une expérience différente et unique.

 


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